samedi 4 janvier 2014

10 conseils de Georges R.R. Martin (Le Trône de Fer) pour écrire un bon roman de fantasy


Aujourd'hui, je vous propose 10 conseils de Georges RR Martin pour ceux qui veulent écrire un roman de fantasy. Vous y trouverez sa façon de gérer  les points de vue narratif, un besoin constant de se raccrocher à la réalité, et un rejet de la fantasy manichéenne.

Vous retrouverez dans ces quelques lignes tout ce qui fait le succès du Trône de Fer, et ça vous donnera des pistes de réflexion intéressantes pour votre propre roman.
L'article original est consultable ici, en anglais :  http://www.lifehacker.com.au/2013/11/ten-tips-on-writing-a-fantasy-saga-from-game-of-thrones-author-george-r-r-martin/



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1. Ne limitez pas votre imagination
Je savais depuis le départ que je voulais une histoire large et complexe. Avant Un chant de glace et de feu, je travaillais pour la télévision depuis 10 ans. Dans mes scripts, il était fréquent qu'on me dise : "George, c'est super, mais c'est trop grand et trop cher. Il faut couper. Vous avez actuellement 126 personnages, et nous avons un budget pour 6".

Quand je suis revenu à l'écriture, il n'y eut tout à coup plus de limite : je pouvais écrire quelque chose d'énorme avec tous les personnages que je voulais, avec des combats, des dragons et d'immenses décors. Bien sur, je pensais qu'on ne pourrait jamais en faire un film et que je n'aurai plus jamais à m'inquiéter d'Hollywood. Mais maintenant, c'est le problème de David Benioff et Dan Weiss (les producteurs de la série télé).

2. Choisissez les points de vue de façon à avoir la vision la plus large
Mon histoire concerne principalement une guerre mondiale. Ça commence très petit avec tout le monde (à part Daenerys) dans le château de Winterfell. C'est une vision très resserrée, jusqu'à ce que chaque personnage parte de son coté, rencontre plus de personnes, et plus de points de vue entrent en ligne de compte.

C'est comme si vous vouliez raconter la 2e guerre mondiale dans un roman. Allez-vous prendre seulement un GI moyen ? Ça ne couvrirait que l'Europe, pas le Pacifique. Prendriez-vous le point de vue de Hitler pour montrer l'autre coté ? Qu'en est-il du Japon, ou de l'Italie ? Roosevelt, Mussolini, Eisenhower : tous ces personnages ont un point de vue unique qui présente une partie de la 2 guerre mondiale.

Alors vous pouvez utiliser un point de vue omniscient, comme si vous étiez Dieu, ce qui est une technique assez dépassée de la littérature, ou vous pouvez prendre une mosaïque de personnes qui voient une petite partie et montrer de cette façon l'ensemble de l'histoire. C'est la voie que j'ai choisie.

3. Vous pouvez emprunter à l'histoire réelle
Bien que mon histoire soit de la fantasy, je l'ai mise dans un contexte d'histoire médiévale. La Guerre des Roses a été l'une de mes influences majeures, avec les York et les Lancaster à la place des Stark et des Lannister. Mais mélangez, croisez, et changez les choses. Comme le dit le dicton : voler d'une seule source est du plagiat, mais voler de plusieurs sources est de la recherche !

4. Des points de vue crédibles
Finalement, nous sommes tous seuls dans l'univers. La seule personne que nous connaissions vraiment profondément, c'est nous-même. Évidemment, je n'ai jamais été un nain ou une princesse, alors quand j'écris pour ces personnages, je dois essayer d’entrer dans leur peau et de voir à quoi ressemble le monde de leur point de vue. Ce n'est pas toujours facile.

Une partie de ce problème peut être résolu en parlant à d'autres gens. J'avais une correspondance avec un fan paraplégique pendant que j'écrivais les tomes 1 et 2. Il m'a donné beaucoup de bons conseils sur la façon de penser de Bran et à quoi pouvait ressembler sa situation.

Mais finalement, je pense que l'humanité de tous mes personnages est plus importante que le fait d'être homme ou femme, princesse ou paysan, grand ou petit. Si ces caractéristiques font certainement une différence, tous les humains, quelque soit leur culture, veulent du succès, de l'amour, de la prospérité, manger, et ne pas être tués.  Ce sont ces choses basiques qui motivent les gens, et j'ai essayé de garder ça en tête en écrivant mes personnages.

5. Le malheur est un outil puissant, mais n'en abusez pas
Présenter le malheur est difficile à faire. Il y a des années, j'étais sur une série télé appelée Beauty and the Beast, avec Ron Perlmann et Linda Hamilton. Linda a quitté la série après la 2e saison pour faire du cinéma, alors nous avons décidé de tuer le personnage.

Nous voulions passer un épisode complet dans lequel elle serait enterrée et tout le monde passerait 60 minutes en pleurs, en deuil, à se rappeler d'elle. Mais nos patrons ne voulaient pas que nous montrions ça. Ils dont dit :"elle est morte, il faut avancer et introduire la remplaçante. Ne prononçons plus le nom de ce personnage à l'avenir." Tout le plateau des scénaristes était affolé par ça. Ça devait être une histoire d'amour éternelle, on ne pouvait pas juste l'oublier et passer à la suivante.

Nous avons gagné la bataille, mais pas la guerre. L'épisode a été montré et il était puissant. Je pense que nos plus fidèles spectateurs l'ont regardé, ont pleuré de grosses larmes, puis n'ont plus jamais regardé cette série ! Le malheur ne se transforme pas nécessairement en divertissement. Mais ça permet de faire une histoire plus forte. Ne pas présenter juste la mort, mais aussi les malheurs qui l'entourent est important. Nous avons tous l'expérience de la perte de parents, ou d'amis proches, c'est une émotion très forte.

6. La violence doit avoir des conséquences - Alors n'épargnez rien
Si vous écrivez une histoire de guerre dans un style médiéval, vous devez montrer la violence. Ces épées ne sont pas juste là pour le spectacle. Vous devez présenter honnêtement leur laideur et leur horreur. Les batailles médiévales étaient exceptionnellement sanglantes ; les gens se battaient avec de larges et tranchantes pièces de métal qui coupaient les membres et créaient des blessures dévastatrices et affreuses. J'aime montrer les effets secondaires de la guerre, comme les hommes mutilés qui ont survécus.

Curieusement, la série télévisée a tué certains personnages mineurs qui sont toujours en vie dans le livre, comme les deux servantes de Daenerys. Quand j'en ai parlé aux producteurs, ils m'ont expliqué que contrairement aux personnages du livres, les acteurs veulent être payés ! Alors pour introduire de nouveaux personnages au début de chaque nouvelle saison, ils ont à tuer certains anciens personnages.

7. Évitez les clichés de la fantasy
J'aime la fantasy, et j'en ai lu toute ma vie, mais je suis aussi conscient de ses défauts. Une des choses qui me rend fou, c'est l'externalisation du mal, quand le mal vient d'un "Seigneur Noir" qui est assis dans son palace noir, avec ses serviteurs noirs qui portent tous du noirs et sont vraiment laids. J'ai délibérément joué avec ça, quand les membres de la  Garde de Nuit, remplie de voleurs, de braconniers et de violeurs, sont des gens héroïques, mais vêtus de noir. Et à coté on a les Lannister, qui sont grands et convenables, mais ne sont pas des plus agréables.

Dans la fantasy simpliste, la guerre est toujours justifiée. Vous avez les forces de la lumière combattant les hordes noires qui veulent  disséminer le mal sur le monde. Mais dans la réalité, l'histoire est plus complexe. Il y a une grande scène dans Henri V de William Shakespeare, où il se promène déguisé au milieu de ses hommes à la veille de la bataille d'Azincourt, et une partie d'entre eux se demande si la cause du Roi est juste ou non, et se lamente à propos de tous les morts que cela va provoquer. C'est une bonne question. Et vous avez aussi la Guerre de 100 ans, où des générations entière vont être massacrées à cause d'une querelle familiale. Alors j'essaie de montrer ça dans mes écrits.

8.  La création de personnages "gris"
Les personnages gris m'ont toujours intéressé le plus, et je pense que le monde en est rempli. J'ai beaucoup lu l'Histoire, et je n'ai pas vu un seul personnage purement héroïque ou purement méchant. Vous pouvez prendre les pires exemples - Hitler adorait les chiens. Stalin, Mao, Genghis Khan ; les plus grands tueurs de masse de l'histoire se voyaient tous en héros. Inversement, vous pouvez lire des histoires à propos de saints de l'histoire catholique, de Mère Thérésa ou Gandhi, et vous allez trouver qu'ils étaient imparfaits, et qu'ils ont fait des actions discutables.

Nous sommes tous gris, et je pense que nous avons tous la capacité de faire des choses héroïques et des choses très égoïstes. Je pense que comprendre ça permet de créer des personnages avec beaucoup de profondeur. Même quand je crée quelqu'un comme Theon Greyjoy, que beaucoup de personnes haïssent, j'essaie de voir le monde à travers ses yeux, et de donner du sens à ce qu'il fait.

9. Jongler avec beaucoup de personnages demande de l'adresse, et de la chance
Je me demande parfois s'il sera possible d'attacher tous les fils de ma saga. J'ai des cauchemars quand je pense qu'il faudra tout rattacher dans les deux derniers volumes. Je pense que je peux le faire, mais nous verrons quand j'arriverai à la fin.  Parfois, ces damnés personnages réfléchissent par eux-mêmes et refusent de faire ce que je veux. Je suppose que nous verrons si tout se rassemble dans une autre décennie !

10. Rappelez-vous : L'hiver vient
Valar morghulis - tous les hommes doivent mourir. Je pense que la conscience de notre propre mortalité concerne beaucoup l'art et la littérature. Comme dans le monde réel, mes personnages sont seulement là pour une courte durée. L'important c'est que l'amour, la passion, l'empathie, les rires, même rire en face de la mort, soit toujours possible. Il y a de l'obscurité dans le monde, mais nous ne devons pas désespérer. Une des meilleurs phrases du Seigneur des Anneaux est que le désespoir est le crime ultime. L'hiver vient, mais vous pouvez allumer les torches, boire le vin, vous rassembler autour du feu, et poursuivre le bon combat.

Alors, partagez-vous cette vision de la fantasy ?

1 commentaire:

  1. Bonjour, très beau blog!
    Je suis tomber dessus en cherchant des informations pour écrire de la fantasy..

    Bonne continuation,

    Alexandre

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